A propos
LE CORPS SAIT,
UN PROJET PHOTOGRAPHIQUE INTIME ET PHILANTHROPIQUE
J’ai été très tôt confrontée à la maladie, dès l’âge de 7 ans.
Après une séquestration de 10 ans jour et nuit dans un corset en raison d’une grave scoliose, l’empreinte invisible laissée sur ma chair me conduit à développer une relation ambigüe où se mêlent attachement et répulsion pour cet objet. Le besoin d’une carapace, le regret d’un refuge.
En 2009, une fracture de la colonne vertébrale, un nouveau corset. Je redeviens l’enfant enfermée, je retrouve une blessure jamais guérie. Mes mains retrouvent machinalement l’emplacement des boulons et des sangles.
Pour clore cet épisode douloureux, j’ai souhaité faire de cette histoire sombre un conte en couleurs, de mes souvenirs des images, de mon silence un sujet de dialogue.
Convaincue que notre enveloppe physique impacte et exprime notre état psychique, je suis allée à la rencontre de jeunes filles qui traversent la même épreuve afin de représenter le sentiment ambigu qui les lient à leur corset, leur seconde peau, leur cage- abri. Je veux raconter et partager cette violence ouatée.
Le corset n’apparaît jamais brutalement. Il est suggéré par le flou de mouvements saccadés, répétés, il se fond dans un mélange de textures superposées dont certaines sont des photographies de murs de prison.
Les clichés s’apparentent à des peintures oniriques, dépassant les frontières du réel. Il s’agit pour moi d’un recueillement, un deuil, un éveil. Le spectateur, lui, est invité pour un voyage dans l’imaginaire, au cœur d’une intimité étrangère.
La série de photographies réalisée et le bénéfice psychique qui en découle pour les participants, transcendent alors son ambition artistique initiale.
LE PROJET ARTISTIQUE DEVIENT UN PROJET THÉRAPEUTIQUE ET PHILANTHROPIQUE
Les patients et moi-même avons trouvé un exutoire dans cette aventure photographique qui m’a ouvert une voie nouvelle.
LE CORPS SAIT est le premier volet d’un projet qui vise à changer le regard que les malades portent sur leur maladie et celui que l’extérieur porte sur eux. Il aspire à apporter de la beauté là où certains ne voient que laideur et souffrance, en transcendant la douleur et en la sublimant.
J’ai ainsi expérimenté le pouvoir thérapeutique de l’art et je souhaite aujourd’hui le renforcer en soutenant la recherche médicale grâce aux recettes générées par la commercialisation de ces images.
Cette série étant un vecteur de sensibilisation aux pathologies du dos, je prévois d’étendre ce projet à d’autres maladies (physiques et mentales) en collaboration avec diverses Fondations, associations ou services hospitaliers.